Les jeunes ont la parole

Depuis tout petit, j’ai toujours rêvé de voir la neige. Je l’apercevais au cinéma, en photo, j’entendais parler du ski, des bonhommes de neige, mais je ne savais pas vraiment ce que c’était.
D’après les 40 immortels de l’Académie française, institution fondée en 1635 par le cardinal de Richelieu, la neige se définit comme « de l’eau congelée qui tombe sur la terre, en flocons blancs et légers ». J’avais cette définition en tête en écoutant la fin du rappel d’EDF, qui selon ses dires, « avec ses centrales nucléaires mettait tout en œuvre pour assurer une production d’énergie optimale ».

Les chiffres sont historiques : 101 700 mégawatts (MW) c’est ce qu’a atteint la consommation d’électricité mercredi 8 février à 19 heures, informe l’Électricité de France sur son site internet. Le dernier record était le 15 décembre 2010, ce jour-là la quantité d’énergie a atteint 96 720 MW.
À Lille, la neige n’était pas encore tombée. Certains disaient que c’était parce qu’il faisait trop froid ; d’autres m’ont assuré que « l’eau congelée » arriverait bientôt: « T’inquiète pas, il faut attendre quelques jours ».

Je ne pouvais pas patienter une seconde de plus. Mon voyage à Strasbourg, que j’avais planifié avec beaucoup d’anticipation, me semblait parfait pour l’occasion, car selon le journal, là-bas, la neige y tombait en abondance. « Je vais voir la neige ! », exultais-je.
En arrivant dans la capitale alsacienne… surprise! Il n’y en avait plus. J’ai vu la rivière de l’Ill gelée, mais ce n’était pas la neige. Comme dernier recours, je suis monté tout en haut de la Cathédrale de Strasbourg, célèbre pour ses 142 mètres de hauteur et reconnue au Patrimoine de l’Humanité par la UNESCO en 1988. D’en haut, j’ai distingué la neige qui restait sur quelques arbres. «J’ai vu la neige de loin, de très loin. »
Ce soir-là, Laurent Delahousse a annoncé au journal de 20 heures que la neige était tombée à Lille et dans d’autres villes de la région du Nord. « C’est la vie », j’ai pensé. « Je ne verrais jamais la neige ». Je suis retourné à Lille bredouille.

Une semaine après, quelqu’un a frappé à ma porte. C’était la neige qui est venue s’installer dans le jardin. Voici l’eau congelée dont les immortels parlaient, voilà la terre toute couverte de flocons blancs et légers… voilà la neige !

Adrián Roa Mendieta