29 mars 2013

J'ai toujours aimé les cimetières

Au début, toute petite, c'était une sorte de rite: chaque semaine ma mère nous habillait, mon frère et moi, de "nos habits du dimanche » pour aller rendre visite à nos grands parents. On allait chez le fleuriste, on achetait les plus belles fleurs qu'on voyait (qui, pour des enfants de 6 et 8 ans, étaient soit des roses écarlates, soit des marguerites des champs) et on se rendait au cimetière.

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Ensuite, plus grande, c'est devenue plutôt une curiosité culturelle: je pensais de plus en plus que la seule chose qui divisait les différentes religions était leur rapport à la mort, leur façon de vivre tout au long du chemin de la vie, en s'apprêtant à mourir de diverses manières. Le cimetière, je songeais, reflet dans ce sens la partie la plus profonde et cachée d'une communauté, un de ces aspects qu'on a du mal à "apprendre" dans un cours de civilisation: il faut le voir. C'est bien pour cette raison que depuis que je suis en France, je suis allée à la découverte de ses cimetières. Trop différents de celui de mon enfance : il était tout petit, les ruelles blanchissantes de ses cailloux minuscules; les petites haies taillées d'une façon très carrée ; la disposition des tombes, toujours la même, d'une précision géométrique; l'impression de se promener dans un village en miniature, ordonné, où les gens se sont tous déjà couchés. Ici, rien à voir. Les vastes rues qui traversent le parc, immense et vert ; les arbres qui se dressent imposants et majestueux; les grandes croix grises qui crient leur nom, montant plus haut l'une que l'autre. Le sens de paix éternel toujours présent, mais d'une façon différente: plus froid, plus douloureux, plus naturel. C'est en gardant cet intérêt socio-anthropologique pour la découverte, que je suis tombée sur un article publié dans les pages de Nord Eclair, il y a quelque temps. Une Roubaisienne de 60 ans, qui va chaque semaine fleurir la tombe de son mari au cimetière de Roubaix, écrit fâchée et déçue à la rédaction, en dénonçant le vol de ses fleurs, perpétré depuis longtemps par des inconnus. Cette nouvelle a quelque chose d'étonnant : qui peut avoir eu la pitoyable idée de voler des fleurs, cadeau éphémère, symbole d'un souvenir éternel, donné à ceux qui nous ont quittés, parfois prématurément. Cette femme n'a pas de doute : elle a toute de suite indiqué comme possibles « coupables » les membres de la communauté Rom qui vivent juste à coté du cimetière. Elle a aussi souligné qu'elle ne se sentait pas xénophobe : « pour vous dire, je ne suis pas comme ça ». Et soit, mais c'est toujours facile, je trouve, de pointer du doigt et de juger, sans avoir auparavant réfléchi à ce que ça veut dire. Pendant qu'on réfléchissait ensemble à ce sujet, avec les autres membres de l'atelier blog, Marie (prénom d'emprunt) a admis: «Quand j'étais petite et que j'allais à l'école, je passais toujours par un cimetière. Je m'assurais chaque jour de prendre quelques fleurs sur les tombes qui en avaient plusieurs, pour les mettre dans les tombes qui n'en avaient pas ». Autre souvenir d'enfance, autre conclusion. Sans aucun doute, il faudra faire une enquête si, comme a admis le directeur des droits civiques et de la personne Alain Vantroys, il y a eu d'autres vols dans le cimetière. Bien sûr, en plus d'être une déception, ce type de vol est aussi très onéreux pour la victime, qui dit avoir dépensé plus de 80€ « pour rien ». Mais on espère que le fait de e pas avoir pas tout de suite de réponse aux questions qui nous touchent le plus, ne soit pas l'occasion de rejeter sa rage sur n'importe quel faible. Parfois, les préjugés naissent comme ça, « pour rien ». Marta Panighel, étudiante Erasmus, Université de Lille3

Commentaires

Et si ces cadeaux aux morts vont vivre des vivants, comment les condamner ? Ceci dit je comprends la douleur de cette dame, le problème est ailleurs...

Écrit par : Fleur | 04 avril 2013

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