15 février 2012
Quand la viande du Pays Basque est mise en doute...
Le Tribunal Arbitral du Sport (TAS) a dicté sa sentence : deux ans de suspension pour Alberto Contador qui a donc perdu tous les titres gagnés depuis l’été 2010, et en plus, il ne pourra plus participer aux prochaines éditions des grandes compétitions du monde du cyclisme, voire des Jeux Olympiques de Londres. C'est une catastrophe pour ce sport au niveau mondial qui a donc perdu son plus grand représentant, ou est-ce plutôt une bonne nouvelle pour la crédibilité du système ?
Ce problème paraît à première vue limité au monde du sport et par conséquent peu important si on habite en Espagne, le pays qui remporte tous les tournois mondiaux en pourcentage de chômeurs. Cependant, cette affaire de dopage est à la une des principaux journaux généralistes français et espagnols, pourquoi ?
Ce problème paraît à première vue limité au monde du sport et par conséquent peu important si on habite en Espagne, le pays qui remporte tous les tournois mondiaux en pourcentage de chômeurs. Cependant, cette affaire de dopage est à la une des principaux journaux généralistes français et espagnols, pourquoi ?
On peut répondre assez facilement à ces deux questions consécutives: cette affaire n’est pas celle qu'elle paraît être. Ce n’est pas seulement du sport puisque Mariano Rajoy et Zapatero, l’actuel et l’ancien président espagnol, sont sortis sur la scène publique pour défendre Contador de la même façon qu’ils ont défendu la dette souveraine face aux marchés. C’est un problème plus important quand les déclarations d’un chanteur et ancien joueur de tennis, Yannick Noah, sur une possible potion secrète qui aurait causé le succès incroyable de l’Espagne, sont devenues une offense nationale à l’honneur de la patrie. On pense qu’il y a une croisade de la France contre Contador et contre les principaux ambassadeurs actuels de la nation: Nadal, Gasol, Barcelone ou Real Madrid ; une guerre encouragée par la jalousie, tel est le slogan que les médias brandissent pour se défendre.
Par contre, les médias de l’Hexagone rédigent des éditoriaux comme celui du 8 février dans Le Monde, intitulé « L’Espagne doit regarder le dopage en face », contre la tolérance de l’Etat espagnol et de ses habitants face aux nombreuses affaires de dopage. Le sens de l’humour provocateur et diffamatoire des guignols de Canal+, c’est la goutte d’eau qui fait déborder le vase. En fait, la Fédération Espagnole de Tennis va porter plainte contre cette chaine payante.
C’est du sport quand même. On pourrait dire ça, mais non. En Espagne, c’est le seul domaine où le pays est mieux que tous les autres, l’unique source de fierté. C’est si important que le journal le plus lu est un quotidien sportif ou qu’une victoire mondiale de l’équipe nationale peut cacher les pires moments d’un gouvernement en plein échec. Les meilleures années des sportifs espagnols ont coïncidé avec les pires jours de l’économie ibérique. C'est aussi à cette époque qu’ont eu lieu quelques affaires liées au dopage en Espagne, et tous ont montré une attitude ambigüe des autorités du pays. C’est la raison pour laquelle « la viande polluée d’Irún mangée par Contador » s’est érigée comme le vrai vainqueur après la décision du tribunal.
Hypothèse : 21% de chômage, au point d’avoir dû faire intervenir le FMI et le BCE l’été dernier, l’apparition, chaque semaine des nouvelles de corruption politique et en plus le désenchantement par rapport à la légitimité de la Monarchie, avec tout ça, pourrait-on imaginer la routine quotidienne du pays sans « les Clásicos Real Madrid – Barcelone » ?
Javier Calero, étudiant espagnol à Lille 3
09:22 | Lien permanent | Commentaires (0)
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