Les jeunes ont la parole

Même au Mexique, le pays d’où je viens, l’écrivain le plus célèbre s’appelle Carlos (Charles) Monsiváis. Mon premier dimanche à Lille a été marqué par ma rencontre avec un autre Charles, un Charles qui m’a littéralement ouvert les portes de sa maison. Je parle de Charles de Gaulle.

Je me promenais dans le centre ville pour la première fois. Le froid frappait mon visage et mon corps était presque paralysé. L’idée de marcher dans une rue qui s’appelle Princesse m’a semblé rigolote, alors j’ai tourné à gauche et voilà!...la maison natale de Charles de Gaulle.

Je savais que j’avais déjà entendu ce nom quelque part (à l’aéroport, dans la place, dans les livres d’histoire, dans la bouche de nombreux professeurs) mais à cause du froid qui me congelait jusqu’au cerveau, je n'arrivais pas à réfléchir.

La maison était un vieux bâtiment acquis en 1872 par Jules-Émile et Julia Maillot, les grands-parents maternels de Charles. À l’intérieur, au premier étage, on peut trouver le grand salon, la salle à manger, la salle de réception et la véranda. À l’étage, il y a la salle qui porte comme nom « la chambre natale ». Le petit Charles y est né le 22 novembre 1890. On peut y voir la robe de baptême et la croix en ivoire du « libérateur de la patrie ».

Pendant ma visite, j’ai appris que la famille De Gaulle était très catholique et traditionnelle. Son père, Henri, a été son professeur dans un collège de jésuites. Après, Charles est allé en Belgique pour continuer ses études.

Selon le musée, bien que De Gaulle ait été un général, sa maison natale est restée très imprégnée de ses souvenirs d’enfance et constitue les meilleurs moments de sa vie. « Avec l’âge, c’est toujours l’enfance qui prédomine et si je pouvais être moi-même, ce serait probablement rue Princesse où je suis né » : j’ai souri en lisant cette phrase.

Dans le livre « Charles de Gaulle, 22 novembre 1890: une naissance à Lille », Aymric Spriet et Marie Lefebvre considèrent que l’enfance de l’homme du 18 juin est « un pan de son histoire qui demeure assez mal connu ». Même si « on ne compte plus les livres, articles ou brochures parus sur cet "homme-siècle" dans toutes les langues et dans tous les pays ou presque».

Ma visite s’est terminée. En deux heures, j’ai fait un saut dans le temps et j’ai découvert la Belle Époque au sein d’une famille bourgeoise française. J’ai repris la rue Princesse et juste à ce moment là, je me suis rendu compte que je n’étais plus la même personne, maintenant je connais l’importance de s’appeler Charles de Gaulle.

Adrian Roa Mendieta, étudiant mexicain à Lille3