Les jeunes ont la parole

Les artistes régionaux S.R. Félix, Günter Carnaval, et Seg Dallongeville présentaient leurs oeuvres dans un salon transformé en salle de concert intime, éclairé par de petites lampes et guirlandes donnant une ambiance calme et chaleureuse. C’était dans le cadre de l'association « Ah Bon ? Productions » (ex Folkadhoc) que l’hôte Nicolas a ouvert sa maison au public.
Le musicien S.R. Félix est monté sur scène le premier. Muni d'un appareil de loop et d’instruments de musique à timbres variés, il a réussi à créer des sons de textures très riches. Parfois mélancolique, parfois joyeuse, la musique de S.R. Félix est influencée par la musique folk, dans une manière qui rappelle The Fleet Foxes ou Alela Diane. Son atmosphère rappelle aussi de celui de The Notwist aux certains moments, mais sans trop d’effet électronique. Au risque de trop comparer S.R. Félix aux autres, il faut dire que sa musique est aussi fraîche et originale. Le morceau « The Last Walk » joué avec de la flûte, de la guitare, et de la percussion évoque de la nostalgie avec un mélange des sons nets et flous, clairs et ambiants. Discret et modeste, il nous montre sa force à travers sa musique.
En deuxième partie, le guitariste, chanteur, et poète Günter Carnaval nous a ramenés dans son univers hors norme. Dans une composition talentueuse, Günter se sert aussi d'une pédale de loop, intégrant la rythmique à la mélodie. Chaque piste enregistrée devant le public rajoutait de l’intensité et propulsait l'énergie en avant. Même assis, c'était difficile de résister à l’envie de bouger. Ses compositions sont à la fois hypnotiques, torturées, et d'une beauté singulière. Il chantait et lisait de la poésie en français, en portugais, et en anglais, poussant parfois des cris chantés très puissants. Dans n'importe quelle langue, Günter Carnaval irradie de sincérité et d’émotion. De plus, pour la sortie de son nouveau disque, Günter Carnaval joue aussi le rôle d'artiste visuel, en dessinant une bande dessiné qui l'accompagnera en pochette.

Cerise sur le gâteau, sur les murs et le plancher du salon, une exposition des sculptures en acier de Seg Dallongville. À travers des images de corps contraints par des forces intérieures et extérieures, Seg nous a expliqué qu'elle travaille « sur les paradoxes de l'acte libre » de l'être humain. Le fait d’intégrer ces sculptures au décor de la maison semble bien correspondre aux intentions de l'artiste : dans la conversation, elle m'a révélé que ses sculptures se trouvent d'abord chez elle, dans son habitat. Selon elle, le fait de créer des sculptures et de les afficher chez elle est une façon d'assumer ses paradoxes : elle arrive ainsi à vivre en accord avec elle-même.
Nicolas compte continuer cette formule de concerts en salon chez lui, au moins une fois par mois. Avec son associé Max de « Ah Bon ?  Productions », ils organisent aussi des concerts dans d’autres salles et ils soutiennent des musiciens régionaux.
Cette expérience du concert en salon m’a donné bien l’envie d’y retourner. Qui peut résister à la chance de voir les musiciens jouer de près, comme s’ils étaient chez nous ? Bon, donc, rendez-vous au prochain concert chez Nicolas !
Laura Deavers (étudiante M1 à Lille 3)