05 janvier 2011

Rien n´a changé, mais tout est différent...

J´ai emprunté les mots de Grand Corps Malade dont j´ai découvert les chansons pendant mon séjour en France. On ne pourrait mieux expliquer ma situation actuelle. Ca fera bientôt un an que je suis partie en France, comme certains « anciens Erasmus » l´ont fait, je pourrais fêter les anniversaires de mon Erasmus. J´ai passé six mois en France et maintenant ça fait déjà six mois que je suis à nouveau dans mon pays.

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Une année est passée et ça me pousse à l'évaluer et à réfléchir. J´ai vécu une année inoubliable pleine des nouvelles expériences, j´ai rencontré des gens de tous les coins du monde. J´ai rencontré de nouveaux amis mais j´en ai aussi perdu quelques-uns. J´ai appris beaucoup de choses, au niveau de mes études, au niveau linguistique et surtout sur moi.

De temps en temps j´ai l´impression que plus je suis chez moi, plus ma vie en France me manque. Après mon retour, j’ai été super contente d’être de nouveau avec ma famille et mes anciens amis. Mais au fur et à mesure, j’ai commencé à noter que beaucoup avaient changé. Il y a eu des grandes querelles avec ma famille, j’ai compris que certains n’ont jamais été des vrais amis. Bref, le retour a été dur. Je dirais même qu’il est plus facile de quitter le pays natal que de se rentrer.
C’est mon entourage qui a changé ou c’est moi? Certainement les deux, mais peut-être plus moi encore.
Ma façon d’être a changé. J’ai plus confiance en moi.. En ce qui concerne mes études, je me suis inscrite à des cours auxquels je n’osais même pas penser avant et je les ai réussis. J’ai commencé à apprendre l’Espagnol parce qu’en France j’ai commencé à aimer cette langue et j’aimerais bien faire un stage en Espagne ou en Amérique de Sud.

En général, je suis devenue beaucoup plus sensible aux stéréotypes et habitudes vraiment tchèques, surtout le mécontentement constant et le fait qu’on se plaigne toujours et de tout. Bien sûre, sans rien faire pour changer la chose qui nous gêne. D’un autre côté, j’ai commencé à apprécier certaines choses qui étaient évidentes pour moi avant. Je suis reconnaissante d’avoir eu l’occasion de me rendre compte des côtés positifs de mon pays. Je ne suis pas sûre qu’une telle révélation soit possible si on ne quitte pas son pays quelques temps. Je jetterais volontiers tous ces grincheux à l’étranger pour qu’ils se rendent compte de tout se qu’ils ont chez nous.

Mais la chose à laquelle je suis devenue vraiment allergique, ce sont les préjugés concernant d’autres nations que j’entends chez nous. J’ai envie de crier en écoutant des histoires des musulmans terroristes qui ne portent que la burka, des Espagnols qui ne font que la fête ou de l’arrogance légendaire des Français qui sont toujours en grève. D’autant plus que ces mots proviennent de la bouche des gens qui ne connaissent aucun musulman et qui bien sûr n’ont jamais été en Espagne ou en France. Chaque fois, je pense à mes amis musulmans, Espagnols ou Français et je me calme en imaginant les blagues qu’ils pourraient dire en réaction à ces bêtises.
Mais en ce qui concerne la grève, c´est pas si faux…

Lenka, ancienne étudiante Erasmus

Commentaires

Cou-cou!
Je comprend très bien ces sentiments desquels tu parles. L'erasmus n'a pas été seulement apprendre une langue étrangère et habiter en France; L'erasmus a été grandir, apprendre à regarder le monde (y compris notre pays) d'une autre optique, faire des nouveaux amis et surtout, comme on dit en espagnol, “salir del cascarón” (littéralement, sortir de la coquille de l'oeuf). Je peut ajouter à tes réflexions une autre fait: celui de se rendre compte de nos propres limites.
J'ai bien aimé ton article, ce m'ai fait du bien de le lire.
Salutations à Nadia, Matthiu, Lenka, Mateo... et tous mes anciens potes de l'atelier du blog ^^

Écrit par : HELENA | 06 janvier 2011

Je suis contente de relire Lenka, qui avait un vrai talent d'écriture.
Le retour est toujours forcément difficile, mais l'important c'est de comprendre que les visions ne s'excluent pas mutuellement mais se superposent; ce n'est pas "ou" mais "et".
Isabelle

Écrit par : isabelle | 16 février 2011

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