22 novembre 2010
La difficile tâche de trouver des Français...en France
Normalement, quand on est étudiant Erasmus, on n'a pas beaucoup de problèmes à trouver de nouveaux et bons amis. Moi aussi, quand je suis venu ici, à Lille, j'ai vite fait la connaissance de beaucoup de gens : des Allemands, des Anglais, des Irlandais, des Polonais et des gens venant d'autres pays encore. Non, trouver des amis, ce n'est pas un grand problème pour un étudiant Erasmus... mais trouver des amis français, cela peut s'avérer moins facile.
Tout d’abord, les étudiants Erasmus et les étudiants français sont dans des situations différentes en ce qui concerne leurs études. Moi, au début de l’année, j’ai pu choisir de suivre quasiment tous les cours que je voulais – avec la conséquence que maintenant, je suis des cours de toutes les années de Licence, et aussi de plusieurs UFR différentes. Les Français, quant à eux, ont un parcours d’études déterminé à l’avance. Ceci a pour conséquence qu’il y a des gens différents dans presque tous mes cours. Il n’est pas très facile de gagner l’amitié de quelqu’un si on ne se voit presque pas.
De plus, il est un fait que c’est plus agréable pour la plupart des gens d’avoir des amis qui font partie du même milieu culturel et qui parlent la même langue. On se comprend naturellement entre Français. Tandis qu’avec un étudiant Erasmus, il faut souvent s’arrêter pour expliquer une chose ou une autre. Ne me comprenez pas de travers : je n’accuse point les Français d’être exclusifs – moi aussi, quand j’étais chez moi en Allemagne, je préférais fréquenter les germanophones. C’est quelque chose de naturel, je crois. Étudiant, on a toujours beaucoup de choses à faire, on est assez stressé, et on cherche à éviter tout autre stress. Comme cela, on accepte qu’on râte la chance d’élargir son horizon.
Mais nous aussi, les étudiants Erasmus, on se prend au même piège : dans les cours, on préfère s’asseoir à côté des autres Erasmus, au lieu de chercher activement le contact avec les Français. Après tout, c’est plus facile de rester avec ceux qu’on connaît déjà. Et aussi, il y a toujours, au fond, la peur de rester tout seul dans un pays étranger.
Alors, qu’est-ce qu’on peut faire pour rencontrer des vrais Français ? Faire une autre année Erasmus, cette fois en Angleterre ? Pas trop mauvaise, cette idée, mais il y a d’autres moyens : premièrement, chercher un partenaire de tandem de langues. À Lille 3, le Centre de Ressources en Langues peut aider à trouver un partenaire, et il existe même, pour l’allemand, un cours de tandem. Un tel partenaire est normalement par nature très intéressé par la culture étrangère.
Et si on n’a pas la chance de trouver un partenaire ? Il y a une autre solution, mais celle-ci exige presque à chacun de se dépasser : il faut simplement aborder les Français dans les cours, bref, des gens que l’on ne connaît pas, dont on ne maîtrise pas la langue et qui éventuellement vont vous rejeter. Mais cela vaudra la peine d’avoir essayé, c’est sûr.
Et moi, dans mon prochain cours, qui sera dans quelques minutes, je vais le faire, je vais m’adresser à tout ces Français inconnus, je vais leur parler de n’importe quoi, je vais…
Fatalement, discuter avec les mêmes copains Erasmus de d’habitude…
- Hey guys, how are you ?
Robert Otto, étudiant Erasmus à Lille 3
16:39 Publié dans La France à travers mes yeux... | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : erasmus, rencontre
Commentaires
Salut Otto. Je suis français, j'ai 56 ans et je suis à la fois prof. et étudiant en master FLE à Lille III. Je constate en effet que les étudiants sont globalement beaucoup plus stressés et donc beaucoup moins disponibles que quand j'y ai fais mes études dans les années 1980. Cependant, saches que les gens du Nord de la France ont une réputation d'accueil qui n'est pas usurpée. N'hésite donc pas à aborder les gens, y compris en dehors de la fac. à chaque occasion qui se présente. Il y a aussi un site sympa (OVS Lille. OVS pour "On Va Sortir") dans lequel tu trouveras des sorties organisées sur Lille. Amitiés. Philippe.
Écrit par : ROLLIN | 23 novembre 2010
Salut et merci Philippe. Je peux confirmer que la plupart des gens que j'ai rencontré à Lille sont très accueillants, comme tu le dis. Cela a sûrement contribué beaucoup au fait que maintenant, je crois que je peux dire que j'ai réussi à trouver des amis français ici. Je voulais juste souligner avec mon article les difficultés que l'on rencontre souvent, et je suis heureux que tu l'a bien aimé. Amitiés, Robert
Écrit par : Robert | 26 novembre 2010
Ce qui est intéressant, c'est ce que t'apprend ton séjour Erasmus. Tu expérimentes à ton tour la situation d'être "étranger", ce qui va te rendre plus sensible à ton retour en Allemagne à la situation des étudiants étrangers de ton université. Ou même des étrangers qui vivent en Allemagne de manière plus générale. Peut-être seras-tu maintenant encore plus attentif à eux ?
Ce que tu décris a été analysé par une sociologue, Elisabeth Murphy-Lejeune qui explique que quand on a déjà un réseau social constitué, on n'a moins envie d'aller vers d'autres et que l'étudiant Erasmus est vu comme un étudiant de passage, qui ne va pas rester ce qui peu décourager certains dans la construction d'une relation d'amitié. Je simplifie son propos, mais n'hésite pas à jeter un œil sur son livre: L'étudiant européen voyageur, un nouvel étranger. Il est à la BU et à la bibliothèque du DEFI.
Écrit par : Nadia | 29 novembre 2010
Bonjour Robert en effet je trouve dommage que il soit si difficile de ce mélanger alors que selon moi il n'y a aucune difficulté (à part la langue peut etre).
Je pense que les populations de locaux et d'erasmus sont tout à fait disposées à se rencontrer seulement c'est la mise en relation qui je pense n'est pas au points. Pour m'a part j'ai réussi à briser ce "cercle" grâce à un site que j'ai trouvé récemment qui proposé une soirée erasmus à Lille ( www.balumpa.com ).
On peut aussi remettre "la faute" sur le rythme de vie des erasmus qui est assez difficile à tenir car c'est une population hyperactive et très curieuse.
Écrit par : etienne | 22 décembre 2010
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