26 mai 2010
Rentrer chez soi
Plusieurs amis Italiens m’ont rendu visite pendant mon séjour à Lille. La question qu’ils m’ont posée a toujours été la même : « Que penses-tu de la France ? Est-ce que tu as envie de rentrer en Italie ? ».
Et moi, vraiment, je n’ai jamais répondu. J’ai pris du temps, en espérant que mes copains oublient ce qu’ils étaient pressés de savoir…
Il y a une semaine, quatre mois d’Erasmus vite écoulés, j’ai terminé de lire un livre, « Nord Perdu » de Nancy Huston. Et maintenant, peut-être j’ai trouvé ma réponse.
« Ici, vous taisiez ce que vous fûtes. L’enfance, les comptines, la nourriture, les amis d’enfance : personne ne connaît, ce n’est pas la peine. Ce que vous a formé, vous a fait vous, ils l’ignorent, et c’est pas grave, vous dites-vous. ( …) Mais là, vous taisez ce que vous faites ». (Huston, Nancy, Nord Perdu, pp 20-21, Ed. Babel)
Rentrer chez soi c’est toujours difficile : nous nous rendrons compte que c’est nous qui avons changé.
Il fait très beau aujourd’hui, beaucoup plus qu’en Italie. Je lis, assise au dessous d’un arbre, dans un parc. Le vent souffle doucement. Soudainement, je me pose une question, qui en réalité se cachait depuis longtemps dans ma tête… Et si je reste en France ? Si j’accepte une fois par toutes un pays, une langue, une culture différente de la mienne pour en faire ma « maison d’adoption » ?
Je ne veux pas me donner une réponse. Je préfère laisser tomber la question.
Il commence à faire froid : je rentre chez moi. Sur le chemin, je rencontre une amie, elle aussi « Erasmus », qui me communique sa décision de ne pas rester ici, sa volonté de rentrer dans son pays.
Tout d’abord, je suis étonnée, car elle avait toujours affirmé le contraire, c'est-à-dire que la France était pour elle la vraie « patrie ».
Et d’un coup, la réponse à ma question arrive. Je comprends alors pourquoi, même si ici je suis bien, je me sens à l’aise, même si je pourrais bien rester longtemps, mon « chez moi » sera toujours ailleurs.
En parlant avec elle, en l’écoutant, je pense à mes soirées d’été italiennes, à mes amis de toujours, auxquels je ne dois pas dire combien de sucre je mets dans mon café, car ils le savent déjà. Je pense qu’en Italie je ne devrai jamais expliquer pourquoi ma mère et mon frère sont tellement importants dans ma vie, car presque tout le monde a le même attachement à sa famille.
Je me rends compte que là bas je ne devrai plus chercher dans mon dictionnaire les différentes nuances pour exprimer mon affection, je ne devrai trop discuter afin que mes pensées soient bien comprises…..…
Qu’est que ça veut dire « être chez soi » ?
Je ne crois pas avoir une réponse à la question. Cependant, il y a une phrase, souvenir d’un livre lu pendant mon premier mois ici, qui peut bien décrire ce que je pense.
En se rappelant de son enfance et de sa famille, en se reprochant, peut être, de n’en avoir assez profité, voici ce que Raymond Depardon dit dans son livre « Errance » : « On a tous notre ferme du Garet…Donc Il faut aller vite : ne pas atteindre la fin de sa vie ».
J’adore Lille, et je suis sûre que partir sera vraiment dur.
Néanmoins, j’ai déjà imprimé mon billet pour l’Italie.
13:25 Publié dans La France à travers mes yeux... | Lien permanent | Commentaires (2)
Commentaires
Je comprends bien ce que tu veux dire... C'est en vivant à l'étranger que j'ai compris à quel point on a besoin d'un point d'ancrage et que j'ai ressenti de l'attachement pour ma terre natale...
Écrit par : Nadia | 01 juin 2010
Je comprends aussi ce que tu veux dire. Vu que maintenant tu es rentrée chez toi, as tu trouvé quelle était ta définition d'être chez soi ?
Écrit par : Marie | 21 novembre 2010
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