31 mars 2010
La France, un voyage intérieur?
Comment intituler cet article?
Comment exprimer avec mes mots les impressions, les sentiments que Ela a partagé avec moi, pendant notre promenade dans la banlieue de Lille?
Je l’ai rencontrée il y a deux mois, à la Fac. En l’écoutant parler italien, je lui avais demandé si elle était Italienne. « Je suis Italienne mais, je te le dis tout d’abord, je viens de l’Albanie. » Elle m’avait répondu comme ça, ce jour-là. Mais, franchement, je n’avais pas compris ce qu’elle voulait dire : pourquoi parler de ces origines albanaises quasi en se justifiant comme pour une faute ?
Qu’est ce que cela veut dire, « nationalité »?
Qu’est-ce que sont « les origines » et comment peuvent elles influencer nos personnalités et nos « façons d’être » ?
Stéréotypes, préjugés placés avec le temps au dessous de notre rationalité et, pourtant, très difficiles à changer. C’est qui « l’Italien », qui « le Français » ?
Qu’est ce que ça veut dire, être Albanais ?
Et ceux qui ont plusieurs origines se sentent comment ? Ceux qui sont « tout mélangés », comment Ela, père d’origine turque et mère grec- albanaise , comment ils se perçoivent ?
« Comment tu te sens, Ela, née en Albanie, grandie en Italie et maintenant débarquée en France ?
« Voyageuse ou citoyenne du monde ? ». Je lui demande.
« Je ne me sens rien ». C’est sa réponse. « A cause de mes origines albanaises, je ne me sens pas totalement acceptée comme Italienne, mais d’ailleurs, même si l’Albanie est partie de moi, je ne suis pas Albanaise. Je ne me sens complètement partie d’aucun pays : je suis bien partout, mais tous les pays que je visite ne sont que des « lieux de passage » pour moi. Je ne pourrai jamais être voyageuse car je n’ai pas un port qui m’appartient où rentrer… ».
Et la France, qu’est-ce que c’est donc la France pour Ela ?
La France, un pays « froid, féminin, élégant »
Elle m’a décrit ce pays comme « froid, féminin, élégant ».
Je pourrais vous parler de l’intensité de l’identité, de la culture, de la langue française, dont elle m’a beaucoup parlé. Mais, il y avait autre chose que j’ai trouvé étonnant, et réconfortant au même temps, dans ce qu’elle m’a dit dans notre petite conversation. Quand je lui ai demandé ce qu’elle trouve de plus beau dans ce pays, voici ce qu’elle m’a répondu : « La culture de l’immigration. Le fait d’être ouvert, de laisser les immigrés, tous ceux qui viennent des colonies françaises, se sentir Français. La possibilité qui leur est donné d’être acceptés comme partie intégrante de cette terre. Au contraire, c’est n’est pas la même chose en Italie ».
A ce moment-là, je n’ai pas trouvé le courage de lui demander comment cela pouvait se lier avec sa vie. Mais le soir, une fois terminée l’entrevue, voilà la réponse à la question la plus importante.
« Et alors, qu’est-ce que ton Erasmus va apporter à ta vie ? Qu’est que signifient pour toi ces six mois en France ? ».
« C’est la possibilité de rencontrer des personnes, de connaître des jeunes provenant de cultures, de pays différents… Et aussi qu'à travers les yeux, les paroles d’autres, je peux me découvrir, me redécouvrir».
Peut être tu ne pourras jamais être voyageuse, Ela, mais je crois que le voyage le plus important, ton voyage intérieur, tu l’as déjà commencé.
Natalia Pazzaglia, étudiante Erasmus à Lille 3
11:02 Publié dans La France à travers mes yeux... | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : albanie, italie, france, voyage;, immigration, migration, erasmus
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