27 mars 2010
Une histoire de machine à laver
La lessive : qui pourrait penser que l'on peut avoir tant d´amusement et d'aventures liés avec cette activité ?
Premièrement, je dois mentionner que j´habite à la résidence universitaire. Nous disposons de deux machines à laver et de deux machines à sécher. Il faut aussi dire que la première machine à sécher ne sèche pas, qu'elle tourne seulement, que la deuxième ne fonctionne pas du tout et ce qui est le pire, qu‘une de deux machines à laver a cessé de fonctionner.
Pour que vous compreniez bien, il faut vous expliquer notre système magique de lessive. Vous avez une seule opportunité de vous inscrire pour pouvoir faire la lessive pendant la semaine suivante. Si vous la ratez, vous devez passer une semaine de plus entouré de vos vêtements sales dont la quantité augmente inexorablement. Mais même si vous avez réussi a vous inscrire, cela ne garantit rien. La salle de lessive est très souvent fermée, même si c’est votre tour de faire la lessive. Il ne reste, qu’à attendre et à espérer.
La course de la lessive
Si vous trouvez la salle ouverte, vous pouvez commencer à laver. Normalement, il y a une autre personne qui est inscrite en même temps que vous, alors on peut au moins avoir une petite conversation. C’était comme cela, quand on avait deux machines qui fonctionnaient. Votre interlocuteur était un ami avec qui on pouvait parler pendant que la machine s’occupait des vêtements. Maintenant, il est devenu un concurrent. Il faut être très rapide, plus précisément, plus rapide que l‘ autre personne qui est inscrite avec vous pour faire la lessive. Quand il n’y a qu’une machine, on ne peut pas avoir de pitié pour les autres. C’est une grande compétition.
Alors, je me suis dit : « C’est pas possible comme cela, il faut réparer la deuxième machine à laver.» Et c‘est là que la folie a commencé. J’ai expliqué tout le problème à une des femmes de ménage, qu’une machine à laver est en panne et que je ne savais pas à qui m‘adresser pour pouvoir la faire réparer. Elle m’a regardée ennuyée et après avoir tout écouté, elle m’a simplement dit : «Mais il y en a une qui fonctionne encore. Utilisez cette machine». Et elle est partie.
Alors, j’ai demandé à une autre femme de ménage. Je voulais juste savoir à qui il fallait parler. Mais cette dame a commencé par: « Mais la machine à laver, ce n’est pas ma responsabilité, je m’occupe de…» et elle m’a cité toute la liste de ses activités. Quand elle a fini, j’ai dit que je savais bien que ce n’était pas sa responsabilité et que je voulais seulement savoir à qui parler. La dame a recommencé sa liste…Je me suis sentie comme invisible ou plutôt muette, comme si elle n’avait rien entendu de ce que j’avais dit.
Après, j’ai demandé ce qu’on pouvait faire à un garçon qui travaille à l’accueil. Il a commencé aussi à dire : « Je sais pas, ce n’est pas ma responsabilité». Mais lui au moins il m’a encouragée: Mais essaie de contacter Monsieur XY, c’est ton droit, tu dois le défendre! Mais je n’ai pas besoin de défendre mes droits, j’ai besoin d‘une machine à laver qui fonctionne!
Un autre jour, j´ai rencontré notre réparateur. Je me suis dit, c´est super. Il n´existe pas d´autre personne plus qualifiée pour ce problème. Je lui ai tout expliqué et devinez quoi... «Mais madame, la machine à laver, ce n’est pas ma responsabilité et je ne sais pas à qui parler.» Cette réponse m’a fait rire. Je me suis souvenue du dessin animé « Les douze travaux d’Astérix.» Vous vous souvenez de la maison bureaucratique ? J´ai vécu la même expérience qu'Astérix. Peut être qu’il suffirait de demander à réparer par exemple la télé au lieu de la machine à laver et je pourrais réussir. Avant que je vienne en France, beaucoup d’amis qui avaient déjà vécu en France m’ont dit de regarder ce film. Ils m’ont dit : « La situation de la maison bureaucratique, c’est la France, il faut être bien préparé. »
Mais quand même, je dois dire que je suis en train de commencer à vraiment aimer ce chaos bureaucratique où presque rien n’est logique, où personne n’est responsable et où chacun peut faire valoir ses droits...
Lenka, étudiante du DEFI, de Lille 3
09:43 Publié dans Logement | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : machine, laver, lessive, vie quotidienne, étudiant, résidence, lille, villeneuve d'ascq
Commentaires
"ce chaos bureaucratique où presque rien n’est logique, où personne n’est responsable et où chacun peut faire valoir ses droits..."
tu as tout compris je pense, on ne pourrait pas mieux résumer!
Écrit par : Charlène | 31 mars 2010
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