04 décembre 2012

Notre-Dame-des-Landes ou comment profiter de l'expérience allemande de la gare „Stuttgart 21“?

Prendre des décisions au nom du peuple, c‘est le devoir principal des hommes politiques. Mais parfois certaines décisions provoquent un énorme tollé qui peut aller jusqu'à la résistance ouverte, surtout envers les projets bien visibles, par exemple les projets de construction. C‘est difficile de mobiliser des manifestants contre une nouvelle loi fiscale, mais à l‘échelle d‘un nouvel aéroport, une région entière peut se mettre en colère.
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„Notre-Dame-des-Landes“, le projet prestigieux de Jean-Marc Ayrault a provoqué un énorme débat public et même Lille a vécu quelques manifestations contre un projet qui provoque la France.

Etant allemand, je me souviens bien de la fameuse nouvelle gare de Stuttgart qui a eu des conséquences très similaires. Presque chaque Allemand connaît la notion de „Stuttgart 21“, ce nom qui a servi comme formule médiatique et qui désignait l‘année prévue pour l‘ouverture de la nouvelle gare : 2021. Le plan était simple: construire une gare en sous-sol, raser la gare ancienne pour gagner des terrains immobiliers au cœur de la ville, une affaire de milliards d‘Euros. Le seul problème : l‘ignorance de la résistance des habitants. Stuttgart, une ville prestigieuse, capitale de Bade-Wurtemberg, une des régions les plus riches d‘Allemagne, mais aussi une ville et une région écologistes : le nouveau maire de Stuttgart, Fritz Kuhn, élu début Octobre, est vert, le président du Land, Winfried Kretschmann, élu l‘année dernière est vert aussi. Avant, le Bade-Wurtemberg avait un gouvernement conservateur depuis les années 1950. La nouvelle gare sera construite quand même - pourquoi?

Après plusieurs mois de manifestations, parfois violentes, qui ont provoqué un débat sur la violence policière contre la population civile et des négociations sans succès, on a finalement décidé de demander au peuple. Le référendum auquel tous les habitants de Bade-Wurtemberg avaient le droit de participer était bien clair: 58,9 % ont voté pour la prolongation du projet. Depuis ce moment-là, il règne un silence idyllique à Stuttgart - l‘attention médiatique accordée principalement aux opposants à la gare avait caché la vraie opinion des habitants. Et finalement, la démocratie directe a mis fin à tout débat, c‘était la solution idéale.

En ce qui concerne l‘histoire de Notre-Dame-des-Landes, Jean-Marc Ayrault devrait penser à un référendum. Bien sûr, la peur de la défaite est forte pour le Premier Ministre, mais Stuttgart 21 a montré que la majorité se tait souvent. Au moins, il est sûr qu'une intervention renforcée de la police ne peut pas contribuer pas à une solution durable, c‘est aussi une leçon qu'on peut tirer de Stuttgart 21. Si les négociations ne sont pas couronnées de succès, un référendum pourrait être la dernière issue.
Johannes Blatt, étudiant Erasmus, Université de Lille3
Photo site média média

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