17 février 2012

SQUATS : Logement délicat

Au printemps dernier, mon ami et moi, nous avons rencontré des squatteurs qui vivaient pas loin de notre appartement à Lille. Ils avaient organisé une soirée rap dans leur maison adoptive, et une jeune femme m'avait dit qu'elle venait de Grenoble pour y assister. Auparavant, je ne connaissais pas cet univers du squat, mais j'étais impressionnée par l'ampleur de cette communauté. Ils étaient nombreux à y vivre, et il me semblait qu'ils avaient un grand réseau de contacts avec d'autre squatteurs. Leur maison, que je voyais de ma fenêtre, était clairement en mauvais état, mais ils avaient l'électricité quand même : leur musique s'entendait de loin !

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Après avoir décidé de me pencher sur la question des squats pour mieux connaître ce phénomène, j'ai tenté de me rendre dans ce squat de mon quartier. J'espérais retrouver les jeunes de l'année dernière. En vain : les portes et les fenêtres étaient fermées par des blocs de béton. Ce squat, peu discret, a dû être fermé par les autorités. Pourtant, il n'est pas le seul squat à avoir rendu l'âme. Des reportages sur TF1 montrent la situation du squat sur la Place des Vosges à Paris, dont les habitants ont été expulsés par la police en octobre 2010. D'après TF1, la plupart des habitants de ce squat étaient des étudiants ou des jeunes travailleurs précaires, sans les moyens de payer un loyer. Une des étudiantes dans ce reportage disait qu'elle attendait un logement étudiant, mais que ses demandes n'aboutissaient à rien. Malgré le statut précaire des squatteurs, ils peuvent se retrouver à la rue, sans avoir été avertis à l'avance.
Avec une estimation de 3 millions de mal-logés et 2 millions de logements vacants en France, les jeunes précaires ne sont pas les seuls à vouloir se servir des maisons vides. L'association « Droit au Logement » (DAL) défend les droits des sans-abris en ouvrant des bâtiments abandonnés pour y loger des mal-logés et des SDF. Ils se mettent en contact avec les autorités, essayent de faire en sorte que leurs démarches soient reconnues comme légitimes par l'état. L'association évoque la loi du 11 octobre 1945 pour la réquisition d'urgence des logements vides : d'après cette loi, le Préfet détient le pouvoir d'autoriser l'occupation des logements abandonnés. Ceux qui ont le droit d'occuper un tel bâtiment sont des personnes mal-logées, sans-logement, ou qui attendent un HLM depuis un minimum de six mois. Ils doivent payer une somme au propriétaire et la réquisition dure un maximum de quatre ans. Ce n'est alors ni du logement gratuit ni une solution permanente, mais les adhérents du DAL espèrent soulager les dommages créés par l' écart qui se creuse entre l'augmentation des loyers et le manque de logements sociaux.
Le manque de logement ce n'est pas une question facile. Que font les squatteurs quand ils sont mis à la rue ? Comment faire en sorte que tous ceux qui ont besoin de se loger puissent le faire légalement et dans leur moyens ? Est-ce que c'est juste de laisser un bâtiment vide si on en est le propriétaire ? Personnellement, je n'oserais pas dire que j'ai les bonnes réponses. Les squatteurs, eux, font ce qu'ils peuvent pour survivre. Dans le même temps, un propriétaire a le droit de faire ce qu'il préfère avec sa maison ; la loi nous oblige à respecter ces droits. Pour les squatteurs de Paris et de mon quartier, les autorités les oblige alors à trouver autre chose. Lorsque j'ai rencontré les squatteurs près de chez moi, je voyais surtout des jeunes branchés, mais c'est une impression qui couvre une crise beaucoup plus grave.

Laura DEAVERS, étudiante américaine, Lille3

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