Les jeunes ont la parole

En rythmant le pas j'ai poursuivi le cortège, irrésistiblement attiré par la musique brésilienne de la bande de percussions qui rendait une ambiance conviviale, digne du festival de Rio. Je ne m'attendais pas à ce qu'il s'est produit à la gare Lille Flandres.

Le brouhaha d'applaudissements et de sifflements a rempli la hall après la fin d'une chorégraphie très poétique.
Mon ami Guillaume de l'Association Droit au vélo, que j'avais interviewé pour l'article sur le réseau cyclable à Lille, m'a glissé en chuchotant que les déboulonneurs préparaient une action pour dans quelques instants...

Les déboulonneurs, c'est un collectif alternatif dont j'ai entendu parler à Lille3. le collectif lutte contre la publicité, omniprésente et mensongère. Ils organisent chaque mois, partout en France, des actions de barbouillage des panneaux publicitaires, une sorte de désobéissance civique qui revendique que la taille de l'affichage soit de 0cm par 70cm et que leur densité soit contrainte.

Les équipes ont mis à l'exécution leur plan téméraire : couvrir tous les panneaux publicitaires dans la gare avec des affiches, élaborées au préalable, portant des messages sociaux et politiques.

Le tout en chantant des chansons à l'éloge de la consommation avec un haut-parleur, et insistant aussi sur le credo : « C'est nous qui payons la publicité, car le coût des campagnes publicitaires est répercuté sur le prix des produits achetés. 550 panneaux dans l'espace public à Lille pour 300 000 habitants, 200 dans le métro et dans les gares qui sont fait pour consommer, pour gaspiller, un danger conséquent pour l'environnement et pour la santé. »

Les vigiles de la gare ont voulu empêcher la manifestation, arguant qu'il s'agissait d'une dégradation du hall et expliquant aussi que les voyageurs ne pouvaient plus entendre les annonces...
Le principe des déboulonneurs étant la non violence, ils se sont vite retirés sous le regard sévère des policiers accourus pour aider ses collègues.