08 mai 2011
Les portes se ferment
Imaginez que vous faites une fête dans votre jardin. Il y a tellement de places que tout le monde est bienvenu. Ce n’est pas la peine alors de fermer le jardin. Jusqu'à ce que d’étranges voisins veuillent participer aussi. Pour l'entourage de Nicolas Sarkozy, la fête de l'espace Schengen semble être passée.
Dans son entourage, il a été affirmé, ce Vendredi saint, que le gouvernement français ne se sent ni capable de ni disposé à accueillir les quelques 20.000 migrants tunisiens qui ont quitté leur pays après les bouleversements politiques de l'hiver. Après plus de quinze ans de liberté de circulation dans l'UE, on envisage de refermer les frontières afin de limiter l'afflux des migrants.
Pendant six mois, le gouvernement italien leur a permis de séjourner temporairement en Italie. Grâce au dispositif de Schengen, ces réfugiés des révolutions arabes sont donc libres de passer dans d'autres États-membres de l'UE, tels que la France. La Tunisie étant un pays entièrement francophone, il est fort possible que la plupart de ces migrants choisissent la France comme pays de séjour.
Déjà en décembre, le gouvernement de Monsieur Sarkozy, en accord avec l'Allemagne, a agi contre l'esprit européen, en refusant temporairement que la Roumanie et la Bulgarie adhèrent à l'espace Schengen. L’expulsion des Roms de l’été dernier fait partie de cette politique discriminatoire. En suivant ces actualités, nous sommes inquiets concernant le plus grand pays de l'UE qui a toujours promu la coopération et la solidarité en Europe.
Il n'est pas acceptable que des personnes cherchant leur bonheur soient refusées en raison de cette xénophobie, diffusée et provoquée surtout par l'Extrême Droite ; pour le Front National, Sarkozy enfoncerait des portes ouvertes en refermant les frontières. Il faut leur accorder tous les droits de libre séjour. Quels sont les arguments de ceux qui craignent la «migration» en France? Sûrement pas que la France ne soit pas pourvue des moyens suffisants pour les intégrer. La barrière du langage, grand problème dans d'autres pays de séjour, ne se pose pas du tout pour les Tunisiens en France. La « défaillance systémique » des frontières françaises, déplorée par une source anonyme de l’Élysée, n’est qu’un euphémisme cachant une façon de penser plus ou moins raciste.
Quelque chose de bien s'est passé en Tunisie et dans tout le monde arabe. Nous sommes les témoins d’une génération qui se bat enfin pour les droits de l'homme (et de la femme!) et qui est peut être capable d'installer la démocratie en Afrique du Nord. Mais les gens ne sont pas hors de danger maintenant que Zine el-Abidine Ben Ali, chef de l'état, a démissionné. Au contraire, c'est maintenant que nous allons voir si la stabilité en Tunisie va s’avérer vraie ou fausse ou si la guerre civile reste une menace pour ces peuples, comme c’est le cas en Libye. On ne peut pas reprocher aux personnes qui arrivent ici d’être des fainéants qui ne souhaitent que profiter du système social. Tout comme les Allemands de l’Est qui ont « voté avec leurs pieds » pendant l’existence de la RDA, ces Tunisiens sont des réfugiés qui ne voient aucun avenir pour eux-mêmes en Tunisie.
Qu’ils soient donc les bienvenus à la fête européenne !
Philipp Reichert, étudiant Erasmus.
15:55 Publié dans Questions de société | Lien permanent | Commentaires (2)
Commentaires
Merci pour cet article plein d'humanisme dans cette période de montée des extrêmes (droite, entendons-nous).
Écrit par : Nadia | 09 mai 2011
hay philipp, tu publies des articles à distance? Incroyable! Bravo, doitche qualitat, toujours stigmatisant les gens au pouvoir. La comparaison avec le jardin me rappelle des soirées à Robespierre. Tu puise du quotidien a Lille qui te manque a l'heure actuelle en Cologne.
En fait je suis d'accord avec toi concernant la politique discriminatoire de Sarkozy , qui a fêté recemment un anniversaire en tête du gouvernement de la France. Tous les emissions des radios diffusaient son discours lors de la prise de pouvoir où il jure de ne pas decevoir les français. Cependant il s'est couvert de la gloire de détenteur du record pour le président le moins populaire dans ces derniers temps. Quel succès incontournable! Evidemment il s'est embarbouillé dans la vase et pour s'en sortir lui et son équipe prennent des décisions radicales concernant la question de l'immigration.
D'ailleurs est-ce tu penses que ces 20 000 tunisiens seraient -ils plus utiles dans son pays afin de construire leur futur pays et l'avenir de leur nation qu'effectivement de prendre ses jambes à son cou comme des déserteurs fuyant le champ de bataille? Peut être organiseront-ils la lutte depuis la France et l'Italie? Ou déambuler les rues?
Amicalement
Écrit par : simeon | 10 mai 2011
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