07 mars 2011

Pourquoi les Français broient-ils du noir?

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L'avenir sera noir, on ne peut pas s'attendre à une hausse économique, et la crise aura de fortes conséquences sur l'Etat Providence français. C'est ce que l’on pourrait penser en voyant les chiffres du sondage publié par BVA/Gallup International au début de l'année.

Celui-ci, effectué en décembre, a porté sur la vision qu’ont les citoyens de 53 pays du Monde quant à leur avenir, tant sur le plan économique que personnel.

Résultat: la France est la nation la plus pessimiste !

61 % des personnes interrogées sont d'avis que la situation économique s'aggravera en 2011. Même si les Français considèrent que leur situation personnelle n’est pas aussi mauvaise que celle de leur pays, la France se trouve, là aussi, dans les cinq nations les plus pessimistes.

Du point de vue étranger, voilà des chiffres étonnants et aussi un peu effrayants, étant donné que la France est pourvue d'une image de "nation de manifestation".

Ici, on ne se plaint pas à la maison, mais on bat le pavé si quelque chose ne convient pas. Il est temps alors pour une petite enquête afin de remettre en question ce cliché.
But de cette enquête, effectuée dans l'environnement de Lille 3 : Savoir plus précisément quels raisons sont susceptibles d'expliquer un tel pessimisme et comment on pourrait s'en débarrasser, selon les interviewés.

La faute à la politique ?

Pour Jasmine Getz, enseignante en Lettres Modernes à Lille 3, au niveau politique, c'est le résultat du grand fossé qui existe entre la gauche et la droite. « On n'a jamais de perspectives dans lesquelles les deux pourraient se réunir pour résoudre les problèmes ». Elle cite par exemple : « un énorme mépris de la bourgeoisie française pour le peuple ». Autre problème : les Français aimeraient protester, « mais on manifeste pour n'importe quoi, et on discute après. Ils se plaignent des hiérarchies, mais refusent à la fois de prendre la responsabilité », juge Jasmine Getz, qui reste cependant optimiste, personnellement. Pour elle, ce sont plutôt les petites choses de la vie qui font une différence, au fur et a mesure.

La faute aux conditions de travail?

Un étudiant en sciences du langage à Lille 3, critique pour sa part les conditions de travail en France. Pas nécessairement les heures de travail qui sont, comparées à l'étranger, encore raisonnables, même si les 35 heures ne seraient jamais respectées. Les salaires non plus. Ce qui l'ennuie, « c'est le manque d'organisation et de considération dans les entreprises ». Notre étudiant qui est parti au Japon l'an dernier, dit faire la différence entre les deux pays. Le coût de la nourriture n'y est pas aussi élevé qu'en France.

De plus, il existerait le problème de communication entre les différentes communautés qui vivent en France, telles que les communautés d'origine maghrébine ou chinoise... Pour notre étudiant, il ne s'agit pas nécessairement d'un problème de langue, mais de communication interculturelle, ce qui prive la France d'une vaste richesse culturelle existante. Ce qui a représenté la France, aurait disparu après les deux grandes guerres.

Crise de l'Etat-Providence?

Pour Sylvain, enseignant d'Anglais, « il est vrai que nous sommes des privilégiés en France, mais cela risque de changer ». Il lui semble que « le système de couverture sociale s'émiette ». Selon lui, cette perte à laquelle il faut s'attendre est d'autant plus grave qu' »en France, on a beaucoup bénéficié de l'Etat-providence, et don on a plus à perdre que les autres. Il faudra trouver un compromis entre la compétitivité et la paix sociale », conclut-il.

Bastien Chesquière, étudiant de Lettres Modernes, observe une « inégalité sociale » en France. Venant d'une ZEP (zone éducative prioritaire), il a certes profité de ce qu'on appelle l'égalité des chances. Cependant, il observe certains défauts dans le système scolaire après son chemin personnel. « Les conditions de travail n'étaient pas les mêmes que dans des collèges plus aisés », dit-il. Par exemple, il a témoigné des profs qui apparaîtraient ivres à l'école. Aussi, l'administration scolaire était beaucoup moins accessible comme elle s'occupait de trois collèges à la fois.

Pour Bastien, il en ressort qu'«il y avait encore beaucoup qui mériteraient aller à l'université et n'ont pas réussi », affirme-t-il. Selon lui, un deuxième problème en France la « méritocratie » serait au pouvoir. Celle-ci, comme l'a défendu le sociologue Pierre Bourdieu, se compose des cadres et des élites qui, au fond, ont obtenu leurs positions aisées dans des concours par leur propre mérite. Mais à deuxième vue, d'après cette théorie, on constate que les enfants parvenant d'une famille « modeste » sont plus susceptibles de réussir dans le système éducatif parce qu'ils sont mieux préparés par leur héritage culturel.
Bastien lui-même considère son avenir sur un plan « plutôt positif, mais avec une petite dose de pessimisme ». Un problème qui se voit non seulement dans la politique française, mais aussi dans les familles. On pourrait, selon Bastien, constater un manque de capacité à exprimer les sentiments entre parents et enfants.

Fossé entre gauche et droite, de difficiles conditions de travail, la méritocratie, quoi que ce soit: Les réponses nous donnent une perspective diverse à la problématique du pessimisme en France.


Philipp Reichert, étudiant à Lille 3

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