28 avril 2010

Emily, en France, chez moi

Em.JPGEn sortant de chez « Paul », avec son trench rouge et un petit pain aux noix dans ses mains, voici Emily. Elle est Anglaise, elle a vingt-quatre ans.
Elle est venue à Lille pour me rendre visite, mais ce n’est pas du tout son premier voyage en France. D’ailleurs, c’est beaucoup plus qu’un retour. « Je suis rentrée chez moi! » me dit-elle. « Je me sens vraiment chez moi ici, en France, peut-être parce que je suis à l’aise avec la culture, la langue… ».


Sa réponse m’étonne, et je reste pensive en me questionnant sur ce dont elle m’a parlé.
Qu’est-ce que c’est « l’essence » d’une terre ?
De quoi a-t-on besoin pour se sentir chez soi ?
Ce sont les lieux, le climat, la nourriture, les traditions ou plutôt les personnes, les relations, l’ouverture mentale, qu’on y peut rencontrer, ce qui fait d’un pays notre terre ?

L’année dernière Emily a passé neuf mois à Nîmes. En France elle a mené une vie en rien touristique : c’est le pays de la vie quotidienne qu’elle a vécu. Comment la France fonctionne hors des vacances et combien les Français profitent de longs congés scolaires. Elle était assistante d’anglais dans un lycée : douze heures de travail par semaine et une vie qui ressemblait à une vacance éternelle. Mais ce n’est pas ce qu’elle le plus aimait de son expérience française: à cette époque-là, au contraire, c’était un réel défi qui lui manquait.

Mais maintenant, en Angleterre, ce n’est pas seulement le soleil du sud qui lui manque. « En France j’ai eu l’occasion de rencontrer des gens vraiment très gentils, avec qui je garde toujours contact, mais qui me manquent quand même ! » dit-elle.
« Quel est ton plus beau souvenir ? » lui ai-je demandé. « Il y en a trop! » me répond-elle. « Mais je pense aux promenades au bord de la rivière avec des amis, ou à l’un des dizaines de repas préparés par de généreuses familles françaises. La cuisine méditerranéenne est formidable! ».
Deux heures et demie de TGV sous la Manche pour la séparer de ce pays…
« Est-ce que tu aimerais passer ta vie en France ? », lui ai-je demandé.
« Maintenant, je sais un peu mieux ce que veut dire « vivre » en France (pas seulement les points positifs mais aussi tous les problèmes de l’administration !) et de faire partie de la communauté.» répond-elle. « Je ne sais pas si je pourrais passer toute ma vie en France, mais oui, un jour, peut-être, j’aimerais bien vivre ici ».



Mais finalement, en la regardant sourire, en appréciant sa gentillesse, sa joie, sa bonté, je ne peux m’empêcher de me demander ce que ça veut dire, pour elle, « se sentir chez soi », s’il y a vraiment un coin dans le monde où une personne comme Emily ne puisse pas se sentir bien.

Natalia Pazzaglia, étudiante Erasmus à Lille 3

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